Les jours fantômes de Syd Matters
Près de trois ans après la sortie de “Someday we will foresee obstacles” au début 2005, le parisien Jonathan Morali, alias Syd Matters revient sur la scène musicale française avec son tout dernier album, “Ghost Days”. Un artiste relativement peu connu, qui n’en est pourtant pas à son coup d’essai. Lauréat du premier concours CQFD des Inrockuptibles en 2002, trois albums à son actif, et compositeur de la bande-originale du film “La question Humaine” sorti à l’automne 2007. En ce début 2008, Syd Matters, qui s’est depuis ses début entouré de quatre collaborateurs, s’impose une nouvelle fois comme figure montante de la scène pop/folk.
Syd Matters fait partie de ces artistes ayant grandi au son d’artistes anglo-saxons, et qui revendiquent ces influences. Dans ses mélodies, on croit entendre Donovan, Leonard Cohen, les Pink Floyd, Simon & Garfunkel, Radiohead et surtout, Nick Drake, à qui on le compare souvent. Il chante en anglais, et ce choix n’a aucune visée commerciale. C’est une langue, comme il le dit, plus facile à manipuler que le français, et qui s’adapte mieux à la mélodie. Et lorsque l’on écoute ses trois albums, on s’aperçoit que c’est un choix tout à fait justifié. Car en matière de musique, les maître-mots de Syd Matters sont sans aucun doute douceur, sérénité et fluidité.
Si on pouvait l’avoir déjà remarqué lors de la sorti de son premier album, “A Whisper and a Sigh”, sorti dans les bacs en 2003, ceci se trouve bel et bien confirmé dans “Ghost Days”. Certes, depuis ses débuts, Syd Matters (qui s’appelait à l’époque “Syd Project”) s’est entouré de quatre acolytes, et a donc élargi ses possibilités musicales. Dans cet album, mis à part son éternelle guitare folk, on peut entendre du synthé, des violons, une guitare électrique ou encore une guitare malienne sur un titre tel que “Big Moon” par exemple. Et pourtant, la musique de Syd Matters n’a rien perdu de cet aspect dépouillé qui fait tout son charme.
“Ghost Days” s’ouvre magnifiquement sur le titre “Everything else”, titre qui donne le ton. L’album sera empreint d’une grande nostalgie, et d’une grande sensibilité. Les quinze chansons qui composent l’album s’étalent comme une suite de titres qui tout en étant tous bien différents, font l’effet d’une longue et unique mélodie. Comme une sorte de souvenir de ces “jours fantômes” passés à la composition des chansons, où la journée se mêle à la nuit sans distinction, et où les sentiments fluctuent au rythme des accords de guitare.
La voix même du chanteur, les textes, n’ont pas vraiment d’existence à part entière. Qu’ils mettent en valeur les mélodies, ou que les mélodies les mettent en valeur; ils portent tellement bien la charge émotionnelle contenue dans la mélodie qu’ils se fondent parfaitement l’un dans l’autre. Afin de rendre hommage, et de mieux revenir à l’émouvant dépouillement des artistes qui ont influencé Syd Matters.
Elsa Lorphelin
“Ghost days” de Syd Matters, Ed. Because, 15 €
La page MySpace officielle de Syd Matters, et son site Internet.