A Lyon, Keith Haring entre enfin au musée
Depuis maintenant un peu plus d’un mois, le Musée d’Art Contemporain de Lyon a ouvert ses portes à l’une des plus grandes expositions jamais organisées en France. En collaboration avec la fondation Keith Haring de New York, elle propose une quantité d’œuvres impressionnante de cet artiste de la scène new-yorkaise des années 80, occupant les trois étages du musée dans un parcours moins chronologique que fidèle à la recherche graphique et esthétique de ce touche-à-tout. Des “subway drawings” réalisés dans le métro aux célèbres fresques, en passant par les Pop Shops à l’époque si controversés, l’exposition du Musée d’Art Contemporain offre un panorama exceptionnel de l’œuvre de Keith Haring, décédé en 1990.
Regroupant des œuvres américaines ou européennes, publiques ou privées, l’exposition retrace à travers une multitude de toiles, vidéos ou sculptures, le parcours artistique de Keith Haring. Ses débuts, bien sûr, avec des photographies des célèbres “subway drawings” dont la nature éphémère n’a pas permis leur conservation, ainsi que les dessins en noir et blanc. La couleur s’impose assez vite pour devenir une constante dans l’œuvre de l’artiste. Elle s’appose sur des matériaux aussi divers que des bâches en vinyle ou de camion, des morceaux de ferraille, du tissu.
Les motifs, personnages ou inspirations se diversifient tout au long de cette exposition. On y retrouve les images chères à l’artiste : le dollar, le personnage de Mickey, les crucifix, les hommes-chiens, les ovnis, la télévision, les femmes. Difficile de citer une œuvre en particulier, puisque nombreuses d’entre elles ne portent bien souvent pas de titre. Les toiles de mêlent pour reconstituer le mieux possible la véritable “mythologie” que s’était créée Keith Haring ; l’inspiration qu’il puisait dans les cultures orientales ou sud-américaines, l’influence d’autres artistes tels que Warhol, Lichtenstein, Picasso ou encore Jackson Pollock.
On distingue plus clairement, grâce à la proximité de toutes ces oeuvres, la dualité constamment présente dans le travail de Haring : ce travail des couleurs vives allié à l’ambiance souvent violente ou inquiétante de ses toiles. Derrière l’aspect “populaire” de son œuvre, un véritable mal-être apparaît en filigrane, lié à la société bien souvent, à la politique, à la consommation de masse ou au racisme comme dans la série dédiée à l’apartheid. Étonnant d’ailleurs, de compter parmi tant de créations engagées les Pop Shops créées par l’artiste pour y vendre des produits dérivés de ses toiles (photo ci-contre). Il est possible de découvrir le Pop Shop de Tokyo, entièrement reconstruit pour les besoins de l’exposition, dans lequel il n’est possible d’entrer qu’en chaussons.
Le dernier étage du musée est consacré aux travaux que Keith Haring a réalisés après avoir découvert qu’il souffrait du sida. Une série de toiles, directement inspirées de “L’Apocalypse” de l’écrivain américain William Burroughs, illustre et met en scène la souffrance de Keith Haring, sa vision du corps, du sexe, de la maladie. Il est également possible de découvrir les vidéos de la réalisation des mondialement célèbres fresques de New York, Sydney, Rio, Amsterdam ou encore de l’hôpital Necker à Paris, que Keith Haring avait réalisées avec des enfants.
Elsa Lorphelin
Au Musée d’art contemporain de Lyon, du 22 février au 29 juin 2008.
Cité Internationale – 81, quai Charles de Gaulle, 69006 Lyon, Tél. : 04 72 69 17 17.