Une Bombay imaginaire en toile de fond du roman graphique Kari
Alors que le monde entier a les yeux tournés vers la Chine, faisons un petit tour vers un autre pays d’Asie qui commence à prendre une part non négligeable dans le paysage culturel occidental : l’Inde.
Relativement absent des librairies françaises, le roman indien s’incarnait jusqu’il y a peu en la personne de Salman Rushdie. Le salon du livre de Paris 2007, qui fait de l’Inde son invité d’honneur, offre aux éditeurs la possibilité de faire découvrir aux lecteurs les nouveaux talents indiens. Parmi ceux-ci, on retrouve bien entendu, la littérature d’Abha Dawesar (Babyji), mais aussi celle de Altaf Tyrewala (Aucun dieu en vue), ou de Chetan Bhagat (Une nuit @ thecallcenter). Suivent bientôt des ouvrages prenant le pays pour décor (Shantaram de Gregory David Roberts), des documents hors normes (Bombay maximum city de Suketu Mehta) et, au début 2008, un roman-monde inoubliable, Le seigneur de Bombay de Vikram Chandra.
Du coté des romans graphiques, les exemples sont beaucoup plus rares. Et pour cause : le tout premier d’entre eux date de 2004. Intitulé Corridor, il est signé par Sarnath Banerjee. Le Salon du livre permet également à Denöel Graphic d’éditer Calcutta, le second album de l’auteur, traduit par Claro.
Aujourd’hui, les lecteurs français auront en novembre prochain l’occasion de découvrir Kari, un nouveau graphique signé par la dessinatrice et auteur Amruta Patil.
A seulement 29 ans, Amruta Patil est une jeune femme pleine de projets. Après des études d’art à Boston, elle se lance dans l’écriture, l’illustration et la peinture (dont certains exemple sont visibles sur son site officiel). Kari est le premier de ses albums à être publié, mais Patil en a de nombreux autres dans ses cartons. Elle travaille sur un roman très personnel, 1999, qui sera probablement illustré de quelques planches. En parallèle, elle a entrepris la création de Parva, un roman graphique de 1000 pages basé sur le Mahabharat, et qui reviendra sur 3000 ans d’histoire de l’Inde.
Premier tome d’une saga qui en comportera trois, Kari est paru en décembre dernier en Inde. L’histoire s’ouvre sur un double suicide : Kari et Ruth, jadis inséparables, se jettent d’un toit. Cette métaphore de leur rupture amoureuse, fil conducteur du récit, se prolonge à travers le livre : tandis que Ruth est sauvée par un filet en bas de l’immeuble et s’enfuit, Kari tombe dans un égout et tente, tant bien que mal, de refaire surface. Ruth est partie. Kari, elle, reste enfermée dans cette grande ville enfumée et mystérieuse qu’on devine être Bombay. En courts chapitres, elle nous raconte sa vie, son quotidien, celui d’une jeune fille rebelle qui assume pleinement son homosexualité dans une société partagée entre tradition et modernité.
L’album est composé dans des teintes sombres, tristes, à l’image de la mégapole triste dans laquelle vit Kari. Quelques rares touchent de couleur viennent donner un souffle d’espoir dans le déroulement du récit.
Le site officiel d’Amruta Patil
Le blog officiel de Amruta Patil