Rentrée littéraire de septembre 2012, 102 romans étrangers choisis par Culture Café
Les amateurs de découverte seront ravis par la publication de nombreux premiers romans, ou d’auteurs confirmés jusqu’alors écartés par l’édition française. A ce titre, on notera la première publication de l’excellent Tom Drury, dont La contrée immobile (Cambourakis), évocation d’une petite contrée du Midwest américain, est le premier de plusieurs romans de cet auteur, conseillé par Jonathan Franzen, qui seront publiés en France l’an prochain. De son coté, l’Américain d’origine guatémaltèque Héctor Tobin démonte le système social des Etats-Unis dans Printemps barbare (Belfond), l’odyssée d’un domestique mexicaine sans papiers à la recherche de ses patrons disparus dans un Los Angeles hostile. Keith Scribner dépeint également les mouvements sociaux des Etats-Unis dans L’expérience Oregon (Christian Bourgois), à travers les mouvements extrémistes de la côté Ouest. Gagnante du National Book Award 2011, équivalent américain du Goncourt, Jesmyn Ward fait le portrait dans Bois sauvage (Belfond) d’une adolescente élevant seules ses frères dans le Mississipi, bientôt dévasté par l’ouragan Katrina. Première traduction également pour l’Anglais Justin Cartwright, dont La promesse du bonheur (Jacqueline Chambon) chronique les retrouvailles d’une famille des Cornouailles en pleine crise.
Du côté des premiers romans, les amateurs de la série télévisée Game of thrones seront ravis de découvrir celui de son scénariste D.B. Weiss. Publié près de dix ans après sa parution américaine, Video games (Sonatine) fait le portrait d’un passionné de jeux vidéos qui s’est donné pour mission de créer le catalogue des plus rares d’entre eux. Ecrit en Français, Les immortelles (Zulma) est le premier roman de Makenzy Orcel, 29 ans, dans lequel l’auteur fait le portrait des prostituées de Port-au-prince, au lendemain du tremblement de terre ayant dévasté Haïti. On a déjà beaucoup parlé du texte inaugural de Margaux Fragoso, Tigre, tigre ! (Flammarion), dont la traduction française a été assurée par Marie Darrieusecq. Dans ce récit sensible et violent, l’auteur raconte sans tabous comment elle a été victime, à l’âge de 7 ans, d’attouchements sexuels, et du personnage imaginaire qu’elle s’est inventée pour les supporter. A découvrir également le très original premier roman de Rebecca Makkai, Chapardeuse (Gallimad), road-book post-11 septembre dans lequel une bibliothécaire s’aventure avec un garçon de dix ans sur les routes américaines.
Nouvelliste californienne à succès, Maggie Shipstead passe au roman avec Plan de table (Belfond), dans lequel le mariage de la fille aînée d’une famille bourgeoise va réveiller les tensions familiales. Changement total d’univers avec Le cirque des rêves (Flammarion), dans lequel Erin Morgenstern nous replonge dans l’ambiance féerique de l’Angleterre victorienne via la rivalité de deux illusionnistes. Passionné de faits divers locaux, Benjamin Whitmer livre Pike (Gallmeister), dans lequel un ancien tueur à gages se voit confier, à la mort de sa fille, la garde de sa petite-fille de douze, bientôt objet de l’intérêt malsain d’un flic du coin. Coup d’essai et coup de maître pour l’américano-nigérien Teju Cole, qui a remporté le prestigieux PEN-Hemingway Award en 2011 avec Open city (Denoël), récit de l’errance dans New York d’un immigré nigérien après une rupture amoureuse.