Rentrée littéraire de septembre 2012, 102 romans étrangers choisis par Culture Café
La littérature naturaliste sera également très présente cette rentrée. Sa chef de file, Annie Proulx (Brokeback mountain), revient avec Bird cloud (Grasset), nouveau roman aux accents fortement autobiographiques. Dans Le monde à l’endroit (Seuil), Ron Rash suit le parcours d’un adolescent en rupture avec son père, qui se réfugié chez un ancien dealer, en plein cœur des Appalaches. L’acteur et dramaturge Sam Shepard évoque les paysages et figures du Grand Ouest américain dans un recueil de textes courts, Chroniques des jours enfuis (13e Note). Les contrées sauvages d’Australie servent de décor au Jardin des coraux (Zulma) de Paul Wenz, Français établi dans le pays et décédé en 1939. Le désert californien de Mojave est au cœur du second roman de Hari Kunzru, Dieu sans les hommes (Lattès), qui réunit plusieurs individus en marge de la société confrontés à la disparition d’un enfant.
Près de deux ans après Le signal, Ron Carlson est de retour avec Cinq ciels (Gallmeister), l’histoire de trois marginaux réunis par une mystérieuse construction au sommet d’un canyon dans les Rocheuses. La mythologie du Grand Ouest américain sert de base aux nouvelles de Nevada (Calmann-Levy), premier recueil de nouvelles de Claire Vaye Watkins, native de la Vallée de la mort. Deux ans après Ablutions, Patrick de Witt part aux trousses des Frères Sisters (Actes Sud), duo de tueurs de gages en route vers la Californie, en plaine époque de la ruée vers l’or.
Du côté de l’Europe, les écrivains anglais arrivent en force. Deux ans après le très remarqué Livre de Dave, Will Self revient avec Le piéton de Hollywood (L’Olivier), recueil de trois nouvelles dans lequel l’écrivain décortique de son style hilarant les obsessions et excès la Cité des Anges. John Berger s’intéresse lui à l’œuvre de Spinoza dans Le carnet d’esquisse de Bento (L’Olivier), curieux album illustré dans lequel l’auteur ouvre un dialogue avec les écrits du philosophe. Un an après le très remarqué La question Finkler, le “Philip Roth anglais” Howard Jacobson revient avec Kalooki nights (Calmann-Levy), dans lequel il suit le destin de deux adolescents très différents, réunis par la bande-dessinée dans le Manchester des années 50. Doyen des primo-romanciers de la rentrée, Charles Chadwick livre à 80 ans son premier livre, Tout va très bien (Jacqueline Chambon), vaste chronique de près de 900 pages du quotidien d’un Anglais moyen, écrite sur 30 ans. Enfin, Tom McCarthy dévoilera, cinq après le délirant Et ce sont les chats qui tombèrent…, l’événement expérimental de septembre, C (L’Olivier), épais texte choral à clés multiples et intrigues mêlées.
Autre star européenne de la rentrée, la littérature italienne s’impose dans les catalogues de nombreux éditeurs. Un an et demi après l’excellent La fête du siècle, Robert Laffont remet en lumière Niccolo Ammaniti avec deux textes. Son nouveau roman plus intimiste que le précédent, Moi et toi, nous plonge dans la cave d’un enfant psychologiquement malade, qui se réfugie dans une cave pour échapper à l’école, mais voit ses plans bouleversés par l’arrivée d’une demi-sœur perdue de vue. A noter que le livre vient d’être adapté au cinéma par Bernardo Bertolucci, et sortira sur les écrans français en 2013. L’éditeur republie également sous ses couleurs le livre qui a fait connaître Ammaniti, Je n’ai pas peur, précédemment sorti chez Grasset. Egalement au programme de Laffont, le nouveau roman de Margaret Mazzantini, deux ans après l’excellent Venir au monde. Dans La mer, le matin (Robert Laffont), l’écrivaine dresse le portrait de deux familles séparées par la Méditerranée, l’une de Syrie rêvant de s’exiler en Sicile, et l’autre revenue à Tripoli après avoir laissé son fils en Italie.