Rentrée littéraire de septembre 2012, 105 romans français choisis par Culture Café
Deux ans après Artefact, Maurice G. Dantec fait son retour avec l’énorme suite de Babylon babies, Satellite sisters, qui parait chez un nouvel éditeur dont c’est la première rentrée littéraire, Ring. Un an après Rouge dans la brume, Gérard Mordillat revient avec Ce que savait Jennie (Calmann-Levy), l’histoire de deux amants au destin cabossé, lui voulant réunir ses frères dispersés dans diverses familles d’accueil, tandis qu’elle veut venger le suicide de sa mère.
Trois ans après le triomphe du Club des incorrigibles optimistes, Jean-Michel Guenassia revient avec La vie rêvée d’Ernesto G. (Albin Michel), dans lequel il évoque la figure du Che à la fin de sa vie, à travers la vie agitée d’un homme, ballotté par l’Histoire entre Paris, Alger et Prague. De son côté, Pierre Assouline s’intéresse dans Une question d’orgueil (Gallimard) à la figure de l’agent double à travers l’histoire de Georges Pâques, espion français qui transmit, pendant la guerre froide, des documents confidentiels au KGB, alors qu’il était anticommuniste. Toujours en prise avec l’Histoire, Laurent Gaudé s’empare du personnage d’Alexandre le Grand dans Pour seul cortège (Actes Sud). Enfin, on parlera sûrement beaucoup du premier roman que publie l’ex-Ministre Bruno Le Maire dans la collection L’Infini de Philippe Sollers. Dans Musique absolue, une répétition avec Carlos Keibler (Gallimard), le jeune auteur suit le parcours du très secret chef d’orchestre autrichien Carlos Kleiber, qui avait fui l’Allemagne du nazisme pour l’Argentine.
Bien que peu présents, les premiers romans ne devraient néanmoins pas passer inaperçus, puisque plusieurs d’entre eux font déjà beaucoup parler d’eux. On pense bien entendu au livre le plus “geek” de cette rentrée, La théorie de l’information (Gallimard), pour lequel Aurélien Bellanger s’est librement inspiré du destin du patron de Free, Xavier Niel, afin de raconter la vie d’un magnat du web. Libraires et journalistes s’arrachent l’ouvrage depuis le début de l’été, et certains sondages de lecteurs le qualifient déjà comme LE livre de la rentrée. On prédit un succès similaire au premier texte de la romancière Yannick Graenec, La déesse des petites victoires (Anne Carrière), dans lequel une jeune documentaliste se voit confier par l’université de Princeton la tâche délicate de réunir les archives du mathématicien Kurt Goebel. Bénéficiant d’un bouche-à-oreille plus que flatteur, le livre a déjà été acquis par Pocket pour une édition en poche, et fait partie des finalistes du prix Fnac 2012.
On parle également beaucoup du premier livre de Lancelot Hamelin, Le couvre-feu d’octobre (Gallimard/L’arpenteur), dans lequel cet auteur de théâtre poursuit sa réflexion sur la guerre d’Algérie à travers le parcours amoureux de deux adolescents. Histoire toujours pour Clélia Anfray, qui raconte dans Le coursier de Valenciennes (Gallimard) l’histoire d’un homme déporté, qui décide de livrer à sa famille les derniers mots d’un de ses camarades de camp. Après avoir livré plusieurs essais sur la pop-culture et les séries télévisées, le très médiatique Pacôme Thiellement dévoile enfin son premier roman, Soap apocryphe (Inculte), dans lequel il tente d’expliquer comment Jésus est devenu la superstar du christianisme ! Enfin, le premier livre de Jérôme Enez-Virard, Shuffle (Dialogues), sous-titré « Journal devenu roman », nous plonge dans le Berlin underground.
Mort, maladies et angoisses de la société sont également omniprésentes dans les premiers romans annoncés. A seulement 21 ans, la benjamine de la rentrée Chloé Schmitt nous plonge avec Les affreux (Albin Michel) dans la tête d’un homme entièrement paralysé par un AVC, bloqué dans un quotidien qu’il déteste et s’apprêtait à quitter pour toujours. Dans Branta Bernicla (Verticales) Pascal Guillet narre les angoisses d’un trader de la City de Londres qui parie sur la hausse du pétrole. A travers un polar très social, Hervé Decca dépeint dans 404 not found (Actes Sud) le malaise d’une cité HLM alors que vient de disparaître une adolescente en rupture avec la société. Dans un bref texte de 80 pages, Farcissures (Allia), François Tison réfléchit sur la place des ordures dans une société de plus en plus hygiéniste. Enfin, Julia Deck place le lecteur dans l’esprit de Viviane Elisabeth Fauville (Minuit), une quadra fraîchement séparée, mère d’un enfant, qui voit sa vie basculer alors qu’elle vient d’assassiner son psy.