William T. Vollmann dans l’enfer de Fukushima
Pile un an après la publication du Roi de l’opium et autres enquêtes en Asie du Sud-Est, les éditions Tristram éditent une nouvelle enquête de l’auteur-phare du Livre des violences, William T. Vollmann. Ce nouveau livre arrive à point nommé, un an après la catastrophe nucléaire de Fukushima, que Vollmann a choisi comme nouveau thème d’investigation. L’intrépide reporter-écrivain s’est envolé pour le théâtre du cataclysme quelques jours à peine après le drame, et en a ramené un nouveau livre-choc : Fukushima, dans la zone interdite.
Ce nouveau texte, relativement bref (une centaine de pages), fait partie des “petits livres” que Vollmann intercale entre deux pavés de mille pages et plus (Étoile de Paris en était un, dans un tout autre style). La brièveté dans la forme n’alterne cependant aucunement la force de son contenu. Dans la plus pure tradition d’héritage gonzo que chérit l’auteur, Fukushima, dans la zone interdite débute par les déboires de Vollmann dans sa recherche, à Sacramento, d’un compteur Geiger capable de mesurer justement le niveau de radiations auquel l’auteur-journaliste sera exposé sur les lieux du drame ! Une fois sur place, Vollmann reste fidèle à ses méthodes d’investigation, s’inquiétant moins des statistiques chiffrées du nombre de victimes (qu’il laisse volontairement aux médias traditionnels) pour interroger les Japonais sur leur opinion face au nucléaire, le rapport éventuel entre les catastrophes de Fukushima et Nagasaki et, bien entendu, leurs conditions de vie au quotidien. Comme d’ordinaire, le livre mélange les aventures de l’auteur sur place avec la narration de ses rencontres. Vollmann a également recours à la photographie, présente dans tous ses reportages, pour illustrer ses propos.
Publié aux États-Unis en version électronique chez l’éditeur numérique Byliner en mai 2011 (deux mois à peine après les événements), Fukushima, dans la zone interdite devrait connaître une belle carrière européenne. Le livre devrait profiter des différentes manifestations organisées à l’occasion de la première année du drame. Il paraît simultanément en France chez Tristram, en Italie chez Mondadori, et en Allemagne chez Suhrkamp.
« Fukushima, dans la zone interdite » de William T. Vollmann. traduit de l’anglais (États-Unis) par Jean-Paul Mourlon, Éditions Tristram, 96 pages, 9,80 €.
Fukushima, dans la zone interdite – Présentation de l’éditeur
En mars 2011, un tremblement de terre et un tsunami ravagent la côte est du Japon. S’ensuit un enchaînement catastrophique d’événements qui, à la centrale de Fukushima, aboutissent au plus grave accident nucléaire civil depuis Tchernobyl.
L’écrivain William T. Vollmann se rend sur les lieux. Équipé de protections rudimentaires et d’un dosimètre à la fiabilité incertaine pour mesurer le taux de radioactivité, il parcourt des villes et une campagne sinistrées aux abords de la « zone interdite ». Fidèle à sa méthode, il constate, il décrit et il interroge — avec les questions les plus simples — témoins et victimes de la tragédie.
À l’opposé de tout sensationnalisme, son reportage révèle l’étrange fatalisme de la population face à un mal impalpable… alors que comme chaque année les cerisiers refleurissent.Dans ce Japon qu’il connaît et aime de longue date — et où le traumatisme des bombardements d’Hiroshima et Nagasaki est encore vif — Vollmann pose, à nouveau, la question du nucléaire et de l’information sur le nucléaire. Une préoccupation qui était déjà celle du jeune William Vollmann lorsqu’il était étudiant, et qui est à l’origine des interrogations morales développées dans son œuvre majeure : Le Livre des violences (Tristram, 2009).
© Éditions Tristram, 2012
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