De l’événement Thompson à la révélation GB Tran : une rentrée BD 2011
Alors que les effets de surprise de la rentrée littéraire commencent à s’estomper, il est peut-être temps de s’intéresser à la production BD, dont le planning des parutions est encore plus importante que celui de romans. Dans un tel foisonnement, faire une sélection exhaustive est mission quasi-impossible, c’est pourquoi nous avons choisi de présenter une sélection autant subjective qu’affective, mêlant joyeusement gros événements et découvertes.
Habibi
Mondialement connu depuis la parution il y a sept ans de son monumental Blankets, Craig Thompson est de retour avec Habibi, un nouvel album d’une ampleur impressionnante (près de 700 pages). Quittant le registre autobiographique de son œuvre majeure, Thompson investit le Moyen-Orient avec une histoire empreinte de l’univers des Mille et une nuits.
Vendue à un scribe alors qu’elle vient tout juste de quitter l’enfance, puis éduquée par celui-ci, une très jeune femme voit son mari assassiné sous ses yeux par des voleurs. Elle parvient pourtant à leur échapper et trouve refuge sur une improbable épave de bateau échouée en plein désert, en compagnie d’un enfant nommé Habibi. Commence alors une histoire imprégnée de magie et de mystère, pour laquelle l’auteur déploie un travail graphique d une précision incroyable, mêlant décors orientaux et calligraphie arabe.
Publiée simultanément à la rentrée dans le monde entier, le livre sera dans les bacs français à la fin octobre.
« Habibi » de Craig Thompson, Ed. Casterman, 672 pages noir et blanc, 24,95 €. Parution le 26 octobre.
Vietnamerica
Véritable révélation de la rentrée 2011, Vietnamerica est le premier album publié en France du jeune auteur GB Tran, après plusieurs volumes auto-édités aux États-Unis et un important travail d’illustrateur de presse. Découvert à la convention Comic-Con et repéré par l’éditeur Random House, GB Tran livre avec un Vietnamerica un volume autobiographique d’une ampleur (290 pages) et d’une maîtrise impressionnante, mêlant construction graphique novatrice et une mise en couleurs stupéfiante.
Né aux États-Unis de parents vietnamiens, GB est indifférent à ses racines. À la mort de sa grand-mère, il accepte toutefois, bon gré mal gré, d’accompagner en 2001 ses parents au Vietnam. Dans l’avion, une remarque de sa mère va déclencher une prise de conscience : « Tu as l’âge de ton père quand nous avons fui le Vietnam. » Durant ce séjour, il va retracer peu à peu le parcours de sa famille, de l’occupation japonaise à la chute de Saigon, et commencer à comprendre son père. En 2007, alors qu’il est décidé à écrire ce livre, il retourne au Vietnam muni de son carnet de croquis.
Salué par la critique américaine lors de sa parution début 2011, on retrouve dans l’œuvre de GB Tran des traits rappelant Art Spiegelman, Will Eisner, mais aussi Joe Sacco le journaliste BD “gonzo” auteur de l’album Gaza 1956.
« Vietnamerica » de GB Tran, Traduit de l’Anglais (USA) par Fanny Soubiran, Ed. Steinkis, 288 pages couleurs, 25 €. Déjà paru.
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