Rentrée littéraire de janvier 2011, les romans étrangers
Plusieurs auteurs non-américains seront bien entendus au rendez-vous de cette rentrée étrangère. Le romancier iranien Shahriar Mandanipour s’amuse de la censure sévissant dans son pays dans En censurant un roman d’amour iranien (Seuil), tandis que l’israélien Benny Barbash, très remarqué en France pour My first Sony, se joue d’un homme obèse en Israël dans Little big bang (Zulma). Denoël propose deux textes d’auteurs d’Europe du Nord ayant récemment servi de base à des longs-métrages passés inaperçus en France. Présenté comme un « Transpotting à la danoise », Submarino de Jonas T. Benggson, a inspiré le film éponyme de Thomas Vintenberg. Le livre suit deux frères qui doivent affronter l’alcoolisme de leur mère et leurs propres dérives. Alcoolisme toujours, mais traité de façon plus drôle, dans La merditude des choses, de l’auteur néerlandais Dimitri Verhulst. De Norvège enfin nous vient le nouveau roman de Erik Fosnes Hansen (Les anges protecteurs), La femme-lion (Gallimard), un
foisonnant récit qui nous ramène dans le monde scientifique des débuts du XXe siècle, avec le cas d’une femme frappée d’un syndrome lui recouvrant le corps de poils. La littérature hispanique sera également présente avec le nouveau roman très attendu de António Lobo Antunes, Mon nom est légion (Bourgois), ainsi que La vérité sur Gustavo Roderer (NiL), le premier roman enfin publié de l’auteur de La mathématique du crime, Guillermo Martinez.
Terminons ce tour d’horizon par quelques premiers romans étrangers. La France verra débouler en février le phénomène Helene Hegemann, jeune prodige allemande de 18 ans dont le premier roman, Axolotl roadkill (Serpent à plumes) avait créé la polémique il y un an et demi lors de sa parution en Allemagne. Cette chronique poétique et survoltée des nuits berlinoises à travers les expériences d’une ado délurée avait d’abord pris de court critiques et public à cause de sa qualité d’écriture et l’âge de son auteur, mais de nombreuses accusations de plagiats, principalement sur le blog d’un jeune bisexuel et toxicomane. Le premier roman de la britannique Samantha Harvey, La mémoire égarée (Stock), ne devrait pas non plus passer inaperçu, puisqu’il aborde un sujet brûlent d’actualité : la maladie d’Alzheimer. Et nous ne pourrions terminer sans parler du livre le plus buzzé, et probablement le plus attendu, de cette rentrée d’hiver 2011 : La légende de gueule-tranchée (Grasset). Avec ce premier roman remarqué, traduit par la plume de Brice Matthieussent, Glenn Taylor vise pas moins que le cercle très fermé des “grands romans américains” à travers l’histoire, sur près d’un siècle, d’un petit garçon défiguré à vie à cause de sa mère, qui va devenir tour à tour monstre de foire, héros d’une guerre civile contre les sociétés d’exploitation minière, et bluesman de génie.