Rentrée littéraire de septembre 2010, les romans français
Malgré les interrogations du milieu de l’édition sur le livre, la rentrée littéraire de septembre prochain devrait être fournie. Si le chiffre exact du nombre de parutions n’a pas encore été dévoilé, les programmes des éditeurs semblent être plus volumineux qu’en 2009. Un optimisme probablement dû à un petit regain des ventes en 2009, dopées par la crise, du moins sur les parutions les plus distrayantes.
C’est dans ce contexte que Flammarion dévoilera le livre qui sera à coup sûr l’événement de la rentrée, et même de l’année. Annoncé pour le 8 septembre, le nouveau Michel Houellebecq s’intitulera La carte et le territoire. Deux ans après le bide mémorable de la correspondance de l’auteur avec Bernard-Henri Levy, ce roman devrait en toute vraisemblance permettre à l’auteur de retrouver sa crédibilité. Présenté il y a quelques jours aux libraires, le livre sera un gros roman (460 pages), basé sur trois personnages, dont Houellebecq lui-même et un artiste contemporain qui expose la carte Michelin (d’où le titre). Beaucoup donnent déjà le livre, qui bénéficiera d’une mise en place de 80 000 exemplaires, comme favori au Goncourt…
Deux autres retours devraient également ne pas passer inaperçus. Toujours chez Flammarion, Richard Bohringer livrera son nouveau livre, Traîne pas trop sous la pluie, dans lequel il reviendra sur sa vie de baroudeur alors qu’il est cloué sur un lit d’hôpital. Chez Grasset, Virginie Despentes revient au roman, quatre ans après le brillant King Kong théorie. Dans Apocalypse bébé, l’auteur des Jolies choses se concentre sur une adolescence en rupture avec la société, dont la fugue est racontée par la détective privée chargée de la retrouver.
Comme d’ordinaire, plusieurs poids lourds de la rentrée seront présents. Albin Michel dévoilera le traditionnel Amélie Nothomb, Une forme de vie, dont la trame est tissée par des lettres échangées entre l’écrivain et des soldats au front, ainsi que le nouveau Eric-Emmanuel Schmitt, titré Quand je pense que Beethoven est mort alors que tant de crétins vivent (no comment). A L’Olivier, Olivier Adam nous transportera sur les falaises japonaises dans Le cœur régulier, avec le voyage d’une femme tentant de comprendre le suicide de son frère. Enfin, Jean Echenoz revient cette année, avec Des éclairs (Minuit), dernier volet de sa « trilogie de trois vies » inspiré de l’inventeur Nikola Tesla, dont nous avons déjà largement parlé ici.
Saluons le courage des éditions du Seuil, qui seront la tête de pont d’une expérience littéraire dont le succès commercial est plus qu’incertain. Auteur complexe, Antoine Volodine (Songes de Mevlido) publiera cette rentrée pas moins de trois livres sous son nom et deux autres pseudonymes déjà utilisés. Au Seuil, Écrivains sera le livre référence de cette expérimentation. Le livre met à mal un auteur torturé et malade, dont la réalité est tiraillée entre de nombreux auteurs. Les éditions de l’Olivier publieront Onze rêves de suie, signé du pseudonyme Manuela Draeger. Ici, un groupe de jeunes reviennent sur leur passé dans la rage d’une manifestation dont ils sont les instigateurs, et qui tourne mal. Enfin, les éditions Verdier éditeront le dernier ouvrage, Les aigles puent, signé par le dernier “avatar” de Volodine, Lutz Bassmann. L’auteur marche ici sur les pas de Cormac McCarthy avec l’histoire d’un homme seul, irradié après une catastrophe atomique, qui s’adresse à tous ceux qu’il a perdu.
Pour sa part, Gallimard misera beaucoup sur le deuxième roman de Jean-Baptiste Del Amo. Tout auréolé de son Goncourt du premier roman pour Une éducation libertine, l’auteur a écrit Le sel dans le confort feutré de la Villa Médicis. Espérons que cela l’aidera à alléger son style. L’éditeur comptera aussi sur les nouveaux textes de Alain Mabanckou, Demain j’aurai vingt ans, un roman d’apprentissage dans le Congo des années 70, et de Marie Nimier, Photo-Photo, inspiré par une séance avec Karl Lagerfeld. Mais il est probable que tous ces romans seront éclipsés par le récit de la captivité d’Ingrid Betancourt, Même si le silence a une fin, dont la parution le 21 septembre a été ajoutée en dernière minute au programme de la collection Blanche.
Les éditions Actes Sud annoncent la parution de deux romans auxquels nous prêterons ici une attention toute particulière. Dans son nouveau livre Cosmoz, Claro nous entraîne sur les pas d’un tribu d’orphelins, issus du Magicien d’Oz, qui se retrouvent confrontés aux horreurs du XXe siècle, des tranchées de 14-18 à Hiroshima. Deux ans après le très remarqué Zone, Matthias Enard revient avec Parle-leur de batailles, de rois et d’éléphants, bref récit dans lequel on se replonge dans le Constantinople de 1500 aux cotés de Michel-Ange.
Autre auteur très remarqué à revenir avec un livre court : Jean-Marie Blas de Roblès. Le Prix Médicis 2008 avec Là où les tigres sont chez eux fait son retour avec La Montagne de minuit. Situé à Lyon, le livre suit un vieux gardien solitaire de lycée, passionné par le Tibet et le lamaïsme. Enfin, Stock promet un autre retour attendu avec le nouveau livre d’Ann Scott, A la folle jeunesse. Absente du roman depuis cinq ans, Scott fait ici un retour désabusé sur sa célébrité soudaine, acquise après la publication de Superstars, il y a pile dix ans. Ce nouveau livre est très attendu puisqu’il fut un premier temps annoncé il y a un an chez Flammarion, avant de disparaître des programmes.
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