A la rencontre de Reif Larsen, auteur du premier roman le plus audacieux de l’année
C’est un de ces livres sortis de nulle part qui balayent tout sur leur passage. Premier roman de Reif Larsen, L’extravagant voyage du jeune et prodigieux T. S. Spivet est sans conteste la meilleure surprise de ce début 2010. C’est un livre qui, en tout cas, rompt avec la morosité ambiante du paysage de l’édition. Par sa forme, d’abord : grand comme un livre d’art, épais comme un annuaire, le livre attire immédiatement l’attention. Un intérêt accentué par le premier feuilletage : l’écriture et le style de Larsen brisent tous les codes du roman, transformant les notes de bas de page en textes dans la marge, agrémenté de dizaines d’illustrations concoctées par l’auteur. Des cartes, des croquis, des mini-tableaux qui viennent tous enrichir le récit. Un style qui met en échec toute description par des mots (1).
T.S. Spivet est un gamin génial de douze ans, coincé dans un ranch du Montana entre un père cow-boy et une mère chercheuse, obsédée par les espèces rares d’insectes. T.S. a une passion : la représentation scientifique, par le biais de cartes et croquis, de tout événement qui pourra se produire au ranch. Aidé par un professeur de sciences, T.S. se fait passer pour un adulte, et vend ses illustrations aux principaux magazines spécialisés du pays. Le prenant pour un adulte, le Smithsonian Insstitute, plus importante institution scientifique américaine, annonce au gamin qu’il vient de remporter le prestigieux Prix Baird pour l’un de ses dessins, le destin de T.S. prend une autre tournure. Invité à Washington pour faire discours d’acceptation, T.S. entreprend alors un voyage en train à travers le pays, sans abandonner son devoir de cartographier tout ce qu’il croise sur son chemin.
Professeur d’université de 29 ans, Reif Larsen a pris le monde littéraire de cours lors de la parution du livre aux États-Unis, en avril 2009. Outre de nombreuses dithyrambiques, Stephan King s’est fendu d’un avis pour la quatrième de couverture qui, pour une fois, n’est pas une escroquerie éditoriale : « Voici un roman qui fait l’impossible : réunir Mark Twain, Thomas Pynchon et Little Miss Sunshine. Ce livre est un trésor ». En attendant la parution française du livre, le 12 avril aux éditions NiL (dont les récentes découvertes étrangères promettent de faire sortir d’un certain anonymat), nous publions ici la traduction d’une longue interview de Reif Larsen réalisée par le web-magazine BookSlut. L’auteur y commente notamment sa passion pour les cartes, l’influence de Mark Danielwski et W.G. Sebald sur son travail, ou encore les mérites comparés pour la lecture d’un livre physique et d’un Kindle. Elle est surtout l’occasion de faire connaissance avec un auteur avec lequel il va falloir compter.
« L’extravagant voyage du jeune et prodigieux T. S. Spivet » de Reif Larsen, traduit de l’anglais (États-Unis) par Hannah Pascal, Éditions NiL, 380 pages, 21 €. Parution le 12 avril.
(1) Afin de mieux découvrir le style du livre, vous pouvez en télécharger les premières pages en cliquant ici.