Interview Max Monnehay : « C’est rendre service aux personnages que de les faire souffrir »
Votre livre est-il le reflet de votre perception des relations amoureuses d’aujourd’hui ?
M.M. : C’est une image poussée à son extrême de ce que je perçois des relations humaines. Pas forcément uniquement dans le couple, même si j’ai choisi cette image. La domination est quelque chose que j’observe dans les rapports humains quotidiens, et que l’on est tous, toujours, dans une relation dominant/dominé. Bien sûr, le dominant peut devenir le dominé en une fraction de seconde, les tendances se reversent aussi vite qu’elles se sont créées.
En avez-vous assez que l’on vous demande si des tendances sado-masochistes vous ont inspiré ?
M.M. : (rires) Je suis persuadée que c’est rendre service aux personnages que de les faire souffrir. J’ai vraiment l’impression que c’est comme cela que je vais toucher leur essence même, ainsi qu’une certaine vérité. Des circonstances terribles dans lesquelles se débat un personnage amènent celui-ci à devenir vraiment lui-même, à se transcender. On découvre vraiment qui l’on est quand on est au pied du mur.
Vous dîtes être une grande fan de Chuck Palahniuk. Avez-vous été inspirée par un de ses ouvrages en particulier ?
M.M. : Choke est le premier de ses romans que j’ai lus, et il a été pour moi un gros choc littéraire. J’ai découvert dans son œuvre un univers fascinant, pour moi c’est un très grand écrivain. J’apprécie en particulier ses personnages, des loosers absolus que l’auteur arrive à faire aimer et adorer. Il arrive souvent que j’en tombe amoureuse. Je trouve que Palahniuk institue une incohérence des choses, dans laquelle il arrive à se diriger. Et il y a dans ses livres, bien entendu, une critique sociale très acerbe et très juste de l’Amérique.
A part cet écrivain, quels sont vos auteurs préférés ?
M.M. : J’ai une passion pour le travail de Jean Cocteau. En particulier pour son œuvre romanesque, même si il a écrit peu de romans. Les enfants terribles est véritablement mon livre de chevet. J’aime aussi beaucoup Henry Miller, qui m’a beaucoup donné envie d’écrire. Et bien entendu Voyage au bout de la nuit de Céline. Plus récemment, j’ai beaucoup aimé La maison des feuilles de Mark L. Danielewski.
Quels sont vos sentiments sur la nouvelle génération d’écrivains ?
M.M. : Je découvre la littérature contemporaine, et j’ai donc lu quelques jeunes écrivains. Mais c’est très nouveau pour moi, car je suis plus une lectrice de littérature « classique ». Enfin, je lis plus des écrivains morts que vivants.
Chez les jeunes auteurs, il y a quelques personnes que j’aime bien, comme Thibault Lang-Willar, auteur de deux romans publiés chez Denoël (Chlore et la trajectoire de l’idiot – NdR). C’est un auteur qui prend des risques, et malheureusement il n’y en a pas tant que ça, dans la nouvelle génération.