Interview Guillermo Del Toro : « Dans La lignée, Chuck Hogan et moi proposons une véritable réinvention de la mythologie des vampires »
Depuis Twilight, c’est à croire que les vampires sont partout ! Entre True blood (séries de livres et TV), Thirst, Morse ou encore Je suis une légende, c’est à ne plus savoir où donner de la canine. Et le 17 septembre prochain, tout ce petit monde risque d’être éveillé en sursaut par Guillermo Del Toro qui, après Blade et Hellboy, a pris la plume pour la trilogie La lignée. Après sa sortie en juin dernier aux États-Unis, le premier tome débarque donc dans les librairies françaises. Ce sont les Presses de la Cité qui ont décroché le contrat d’édition, et elles misent gros sur le coup : plus de 50 000 exemplaires du livre seront mis en place dès la sortie.
Co-écrit avec l’auteur Chuck Hogan, auteur de best-sellers de genre tels que Le prince des braqueurs, La lignée est présentée comme une vision extrême du mythe des vampires. L’histoire commence de nos jours, à New-York, alors qu’un Boeing 777 ne répond plus sur la piste d’atterrissage. Tous les occupants de l’appareil sont morts. Commence alors pour le docteur Ephraim Goodweather et son équipe des travaux dont ils n’auraient jamais soupçonné la nature… Le livre devrait ne pas passer inaperçu chez les fans de Del Toro, qui tenteront ainsi d’apaiser leur impatience avant son prochain film.
L’histoire de La lignée a failli devenir une série télé pour Fox à une époque. Comment avez-vous transformé le scénario TV en une trilogie littéraire ?
G.D.T. : En 2005 ou 2006, j’ai écrit une “bible” pour la série, et l’ai portée à Fox. J’étais alors captivé par la série The wire, et voulais le même réalisme pour une série sur les vampires. La “bible” contenait les descriptions des personnages, les liaisons entre les trois saisons (les trois livres aujourd’hui), ainsi que la structure et la trame de chaque épisode. La chaîne a bien reçu le document, mais ils ont pensé que la série coûterait trop cher à produire, et préféraient se lancer dans les comédies, et blabla et blabla…
J’ai alors commencé à “caster” des auteurs de livres avec lesquels je pourrais transformer le scénario en romans. Je voulais des gens qui me laisseraient écrire avec eux, mais pourraient apporter par eux-même quelque chose au projet. J’avais lu La lune des morts et Le prince des braqueurs, et trouvais que l’écriture de Chuck [Hogan] était très réaliste. Je savais que nos personnages auraient une personnalité de plus en plus fine au fur et à mesure que l’histoire avancerait. J’ai alors que Chuck saurait comment ajouter des “couches” de réalisme à leurs personnalités, leur donnerait de l’épaisseur tout au long des trois livres.
Parfois je donne vie à de longues parties du livre, et d’autres fois c’est à son tour de le faire. Ensuite, nous nous chamaillons pour savoir quels chapitres sont les meilleurs. Chuck a créé à 100% l’un de mes personnages préférés du livre, Fet.
Eph (un scientifique agent du CDC) et Abraham (chasseur de vampires et expert de l’occultisme) sont un parfait duo pour pourchasser les vampires. Chuck et vous vous déclarez co-auteurs. Qu’avez-vous appris l’un de l’autre ?
G.D.T. : Chuck a un grand sens du réalisme et le goût du détail, et nous partageons tous les deux une certaine urgence dans le perfectionnement. Cela nous donnait la liberté de nous corriger l’un l’autre sans éprouver la moindre pitié ! Chuck est un auteur extraordinaire, et chaque chapitre que je lisais, ou chaque chapitre qu’il me corrigeait et coupait était une leçon d’écriture en elle-même. Mais parfois, sans aucune logique, certaines parties les plus effrayantes viennent de lui, tandis que d’autres beaucoup plus campées dans la réalité sont de moi.